De g. à d. Jacques Rosset (2e), Carlo de Donato (1e), également vainqueur de la Coupe devant Kimberly Allen et Alexandra Von Rulach à droite sur la photo.
C’est sous la pluie et dans le froid que se sont déroulées les finales genevoises de dressage 2005. Après l’incendie qui a détruit une partie du Manège d’Evordes, l’événement a été organisé en collaboration avec l’équipe des Ecuries de La Chaumaz.
Les conditions météo n’ont pas gâché la fête et n’ont surtout pas enlevé le sourire aux différents lauréats. A commencer par Carlo de Donato (255 pts), vainqueur du championnat des licenciés devant Jacques Rosset (Elixir Opera, 194 pts) et Alexandra von Rulach (Tornado, 183 pts). « Je suis très content, mon cheval est génial, je l’adore » s’enthousiasmait Carlo de Donato (34 ans), déjà médaillé de bronze l’an passé.
Le jeune employé de banque installé à Genève s’est montré très régulier sur la saison et avait donc une confortable avance sur ses poursuivants. Les clés de cette régularité ? « Un entraînement régulier, je fais souvent des stages avec Lorenz Rageth et ne participe pas à trop de concours pour ne pas fatiguer mon cheval. Enfin, une certaine rigueur dans le travail et l’entraînement sans exagérer (ndlr: il s´entraîne avec Dana Kopf ».
Son cheval Doniro (7 ans) est basé à Thoiry en France voisine. « Je l’ai depuis 5 ans et l’ai formé moi. Il est hypersensible et a beaucoup de tempérament donc difficile à gérer parfois. Mais je l’adore. Il est toute la journée au pré, c’est important pour son mental. Je fais aussi beaucoup de promenades et ne le travaille que 1 ou 2 fois par semaine. Avec lui je n’ai fait que du dressage même si j’avais fait un peu de saut avant de l’avoir. J’ai monté beaucoup de chevaux de saut confiés par des propriétaires en travail sur le plat, ça m’a donné envie de persévérer dans le dressage. Le côté technique est intéressant ».
Derrière Carlo de Donato, la logique de la saison a été respectée. 2e sur Elixir Opera, Jacques Rosset a prouvé qu’on peut être compétitif même à 63 ans. « J’ai débuté l’équitation à 30 ans. J’ai fait un peu de saut mais surtout du dressage » expliquait le pensionnaire du Manège d’Evordes entraîné par Anthony Sagaz. « J’ai fait 6 ou 7 finales, c’est mon premier podium. Cela me fait d’autant plus plaisir que j’ai formé ce cheval qui a 11 ans ». Et Jacques Rosset de plaisanter sur les performances des messieurs dans le championnat cette année. « Oui ça marche bien pour nous, en tout cas cette année ! ».
Quant à Alexandra von Rulach (28 ans), elle décroche l’argent sur Tornado (16 ans), un cheval de saut qu’elle a formé au dressage. « Au début j’avais des a priori sur le dressage, mais il m’a vite enrichi car il nécessite beaucoup de travail et d’harmonie. Cette médaille me fait plaisir, ça fait un moment qu’on y travaille » lance cette jeune universitaire qui travaille aussi en tant qu’éducatrice spécialisée dans une institution pour personnes infirmes moteur-cérébraux. « Mes journées sont bien remplies et les horaires irréguliers, mais je prend le temps d’aller voir mon cheval régulièrement. Il m’apporte beaucoup et je suis contente de son comportement. L’an prochain, je vais le ménager et faire surtout des randonnées et des rallyes » concluait la jeune élève de Corinne Streit.
Surprise chez les non-licenciés
De g. à d. Riccardo Martinetti (2e), Delphine Hottelier (1e), également vainqueur de la Coupe devant Riccardo Martinetti et Ana Garcia, et Christian Leuenberger (3e).
Chez les non-licencés, le classement général de la saison a été un peu chamboulé. 3e avant cette finale, Delphine Hottelier (229 pts) du Manège d’Evordes réalisait d’excellents programmes sur Gavotte IV CH. A 16 ans seulement, elle s’empare du titre. C’est sa deuxième médaille d’or après celle gagnée l’an passé chez les juniors. « Je suis très heureuse et super contente de ma jument. Le premier cheval que j’ai eu en pension était un super cheval de dressage et depuis petite j’avais plus envie d’en faire que le saut. C’est différent du saut, ça fait moins peur, c’est une autre recherche et ça demande beaucoup de travail, c’est pas toujours facile » commentait le jeune médaillée.
« Delphine est assidue dans le travail et très à l’écoute des conseils qu’on lui donne » confiait son entraîneur Damien Reboul. « C’est ma deuxième saison de championnat » précisait Delphine. « J’ai alterné les concours de saut et de dressage, mais j’ai privilégié le dressage ».
Derrière Delphine Hottelier, on retrouvait deux messieurs vainqueurs de plusieurs manches qualificatives cette année. Riccardo Martinetti (204 pts) et Kiwi, 2es. « Ça a été serré jusqu’au bout ». Le cavalier d´origine tessinoise pratique le saut régulièrement en R2. « En dressage, le contact est différent et il faut faire avec les humeurs du cheval. C’est beaucoup d’entraînement, je monte tous les jours » ajoute cet enseignant au cycle d’origine tessinoise. « Avant je m’entraînais seul, mais je travaille avec le Vaudois Claude Cairoli depuis le mois d’avril. J’ai senti la différence, car le cheval est sensible et il faut un travail en finesse ».
Christian Leuberger (225 pts) était 3e sur Quantin du Vallois que lui confie son amie Carole Läser. « J’ai gagné les deux premières manches puis j’ai connu un passage à vide. Je pensais avoir échappé au podium d’autant que je sentais le cheval un peu fatigué. Il faut dire qu’on fait aussi un peu de saut » commentait Christian Leuenberger (34 ans), président du Club Hippique de l’Eperon.
« En fait j’ai commencé le dressage pour me donner une motivation supplémentaire de travailler le cheval pendant l’hiver. J’ai fait un concours en début d’année et ça m’a plu ! On sent qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour le dressage à Genève. Le nombre de participants a augmenté, le niveau général a augmenté et l’ambiance est bonne ».
Lutte serrée chez les juniors
De g. à d. Léa Schnegg (2e), Emilie Raverdino (1e), également vainqueur de la Coupe devant Léa Schnegg et Clio Choukroun (venue en réserviste après la défection au dernier moment d´une participante), et Louisa Mottaz (3e).
Enfin, la lutte a également été serrée chez les juniors. 2e du général avant la finale, Emilie Raverdino (200 pts) remporte le titre avec l’expérimenté Tukros (16 ans) qui a évolué à haut niveau avec sa précédente cavalière Carine Andreina. « C’est super je ne pensais pas être championne car j’avais mal commencé la saison. Le déclic est venu à Puidoux et depuis là j’ai fais de bons résultats. J’ai beaucoup travaillé, c’est une belle récompense » expliquait la jeune cavalière de Richelien d’autant plus émue de ce succès que c’est Tukros qui lui a donné envie de commencer le dressage.
« Je n’aimais pas trop avant. J’ai essayé et beaucoup aimé. Mais pour bien sauter, le dressage est important et c’est une discipline où il y a beaucoup de points à prendre dans le tétrathlon que je pratique de temps en temps ». Tukros vient de Hongrie. C’est son propriétaire Lazlo Papp qui est allé le chercher dans les environs de Budapest. « On a fait le tour des manèges de la région avec Georges Schopfer et j’ai eu un coup de foudre pour ce cheval » se souvient Lazlo Papp.
« Tukros a une longue histoire. Il a été débouré à Avusy, puis est venu ici à La Chaumaz avec Carine Andreina. Elle a participé aux finales Crin d’or et à des concours partout en Suisse et a gagné la finale genevoise il y a deux ans. Carine Papp l’a aussi monté en saut. C’est un cheval qui a beaucoup d’expérience ».
« C’était dur de gérer cette finale d’autant plus que mes collègues étaient proches au classement. Il a fallut garder le sang froid. Je me suis dit reste calme » confiait la nouvelle championne, entraînée par Corinne Streit et Véronique Favre. « L’an prochain, je continuerai à me partager entre le dressage et le saut (ndlr : 8e du championnat juniors cette année sur Bustopher Jones). Quant à mon avenir, je souhaite faire le CFC d’écuyère quand j’aurai 25 ans puis la maîtrise ». Emilie souhaite donc suivre les traces de sa grande sœur Anita Raverdino.
Léa Schnegg (16 ans) et sa ponette Willine (190 pts) décrochent la médaille d’argent. « Ca fait 5 ans que je monte Willine et mes parents viennent de me l’offrir » confiait encore émue la cavalière des Hauts-de-Corsinge. « L’an passé, ma ponette a boité et a eu deux coliques. Cette année, Fabienne Decroux la masse et ça lui fait du bien. Ça l’a changée, on a réussi à développer les allures ».
« Quand j’ai commencé à monter, je faisais du saut et du dressage. Mais Willine n’était pas très disposée au saut, on s’est donc lancées dans le dressage. J’aime l’harmonie qu’on doit rechercher avec le cheval ». Collégienne, Léa Schnegg a de plus en plus de travail et grandit. « Je deviens un peu grande pour Willine. Je vais donc faire surtout des TREC avant la transition aux chevaux. Mon rêve ? Continuer dans le monde du cheval comme cavalière ou entraîneur ».
Louisa Mottaz était 3e sur Dunco (165 pts), un cheval qu’elle a en pension et que lui confie Madeleine Deschamps. « J’ai peur du saut et Dunco n’est pas trop fait pour ça. En plus il n’a perdu un oeil après une infection. Mais il est étonnant, il est comme un cheval normal » relevait sa cavalière.
Coupe de saut PSR
Samedi, sous une forte pluie, près de 70 poneys étaient engagés dans la Coupe de saut du Poney Sport Romand (PSR). La Genevoise Laetitia Malfanti (Oona et Ciboulette) a brillé puisqu’elle était 3e en cat. AB derrière Mathilda Schultheiss et Victor Martin de Commugny, et aussi 2e en cat. C. Aurore Favre de Bellevue, 4e sur Lanslo du Creux. Julie Favre de Bellevue (Jolly Jumper XIV) n’a pas passé loin du podium en cat. D (2e).
Texte et photos: Pascal Mathieu
Note: autres photos et classements finaux détaillés des championnats prochainement